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Cheminée sarrasine.
De quoi s'agit-il ?
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Ce sont des cheminées que l'on trouve
sur des fermes bressannes …et donc dans la Bresse.
Mais ça ne suffit pas bien sûr pour
les caractériser. Elles ont des dimensions assez imposantes (parfois
comme un véritable monument à échelle quelque peu réduite). Elles
présentent des formes originales, quasiment jamais identiques. Ainsi,
elles rappellent parfois l'orient, parfois le nord. On pourra parfois
en discuter l'esthétisme, mais rarement le côté insolite et étrange.
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Comment se caractérisent-elles ?
Nous venons de parler de l'aspect extérieur. Or
la cheminée sarrasine se distingue tout autant par ses caractéristiques
intérieures. En fait elle fait totalement corps avec la ferme bressanne
dont elle constitue le point central de la grande pièce principale.
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Plus concrètement la cheminée sarrasine
s'identifie :
1 / par le type de chauffage (foyer central dit "foyer chauffant
au large").
2 / par la mitre extérieure qui se veut certainement décorative,
entre autres…
Pour sa partie intérieure, elle est
comme un grand entonnoir carré et renversé. Celui-ci se déverse
donc par le haut …c'est la sortie de la fumée bien sûr !
La base de cet entonnoir est maintenue à 2 mètres du sol environ
par deux grosses poutres. . Sa partie basse peut faire jusqu'à 4
mètres de large.
Comme elle ne repose pas au sol, on peut circuler librement tout
autour et donc profiter au mieux de la chaleur de l'âtre central.
Deux poutrelles la traverse afin d'y suspendre une marmite au bout
d'une crémaillère à anneau dîte "comacle".
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L'entonnoir proprement dit est fait
de panons de bois et torchis. Il occupe donc une place importante,
traversant l'étage supérieure dans sa partie intermédiaire, et assurant
aussi le chauffage de cette partie supérieure de la ferme.
La mitre est, comme on l'a vu, la
seule partie apparente de l'extérieure. Comme elle peut parfois
atteindre jusqu'à 5 mètres de hauteur, elle s'avère souvent visible
de loin. Elle peut revêtir différentes formes (carrées, rondes,
octogonales, rectangulaires) et présenter toutes sortes d'ouvertures
tant en nombre, qu'en forme, dimensions ou positionnement. On ne
trouve pas de réelle unité de style. Ces mitres sont le plus souvent
faites de briques couvertes d'un enduit calcaire. Initialement elles
étaient toutes surmontées d'une croix.
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Malgré notre imagination gourmande,
la fonction était essentiellement de chauffer et non de profiter
de cet espace de remontée des fumées pour des salaisons par exemple.
Le chauffage était à deux sens. D'une
part, il assurait une bonne température ambiante se diffusant aisément
dans la spacieuse pièce principale, puis à l'étage. D'autre part,
il permettait de disposer d'eau chaude permanente par le biais de
la marmite constamment suspendue au dessus du foyer.
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La famille se réunissait tout autour
de la cheminée où l'on pouvait disposer des bancs. L'un d'eux était
là à demeure. Il s'agissait de 'l"archebanc" ou "banc des ancêtres".
Il était pourvu d'un grand dossier, d'un coffre, et même parfois
d'un dispositif permettant de maintenir un bébé sur le devant. L'usage
de l'archebanc était limité (parents, grands parents ou quelques
hôtes parfois). Sur celui-ci, on raitait des affaires importantes.
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Quelle en est l'origine
; quel sera leur devenir ?
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Quelle origine pour ces cheminées
? C'est bien là toute la question …qui n'a jamais trouvé de vérité
absolue !
D'ailleurs, on ne connait pas plus
l'origine des cheminées elles-mêmes que l'on ne connait celle de
leur nom. Peut-être l'influence des sarrasins (ce peuple est passé
au VIII ème siècle) ? Mais on a aussi parlé d'origines hongroises,
religieuses… sans compter que des cheminées similaires se trouveraient
aussi en Scandinavie par exemple (vraiment de quoi se perdre avec
tous ces mouvements humains et de civilisations !)
Quant-au nom on a aussi évoqué le
fait qu'il puisse simplement venir du vocabulaire : en vieux français,
"sarrasin" désignait quelque chose de peu ordinaire, quelque
chose dont on ne sait pas d'où elle peut provenir, comme étrangère
à la religion, ou étrangère tout simplement… …ce qui nous avance
peu on en conviendra alors !
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Il semblerait que ces cheminées se
comptaient par milliers au moyen-âge. L'historien Gabriel Jeanton
en a encore dénombré 400 en 1923. Mais elles ne sont plus qu'une
bonne trentaine aujourd'hui, toutes répertoriées de fait.
On doit vraisemblablement cette diminution
notoire à la double conjonction d'une absence de sensibilisation
passée à la sauvegarde de ce patrimoine architectural, et des soucis
pour maintenir ces cheminées en état. Ainsi leur destruction a parfois
pu se trouver volontaire ou due à un état les amenant à s'écrouler
d'elles même.
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Aujourd'hui, beaucoup de ces cheminées
sont classées à l'inventaire des monuments historiques. Les propriétaires
ont soin de les préserver, voire de les mettre en valeur (exemple
à Montalibord où l'accès est ouvert au public), quand bien même
la ferme n'a pas été rachetée pour être officiellement transformée
en musée (tel à Romenay, Saint Trivier de Courtes, ou à Saint-Cyr-sur-Menthon
avec la ferme des Planons).
Le fait d'être classée aux monuments
historiques est un gage de pérennité en deux sens :
1 / cela empêche de faire n'importe quoi, dont la destruction pure
et simple donc
2 / cela peut faciliter l'obtention de subventions pour garder en
état le monument classé.
Pour autant le fait d'être
classée ne retire pas le caractère privé. En
d'autres termes leur accès n'est pas necessairement ouvert
au public.
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Où sont-elles ?
On les trouve principalement en Bresse
bressanne (département de l'Ain). 3 d'entre elles se sont toutefois
perdues en Bourgogne (département de la Saône-et-Loire).
Perdues je disais ? Non pas tant que cela en fait car finalement
ces zones se touchent. Curieusement d'ailleurs elles se trouvent
sensiblement sur l'ancien territoire des Sires de Bagé (puissante
famille bressanne au moyen-âge) …ce qui a aussi fait dire qu'elles
auraient pu servir de signes distinctifs sur quelques fermes plus
privilégiées du territoire.
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prochainement
ici : une carte
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Plusieurs de ces cheminées ont été
neutralisées par leurs propriétaires dans la mesure où elles ne
font plus office de cheminée (cela a néanmoins permis d'en garder
l'aspect visuel et donc tout le charme extérieur). D'autres ont
conservée leur fonction de chauffage (même si elle n'est plus qu'occasionnelle
- davantage pour le souvenir …ou le fun) comme c'est le cas par
exemple des fermes de Saint-Trivier-de-Courtes ou Montalibord (toutes
deux ouvertes au public) par exemple.
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Peut-on les visiter ?
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Comme on l'a vu plusieurs fermes
avec cheminée sarrasine ont été transformées en musée : ferme de
la Forêt à Saint-Trivier-de Courtes ; ferme du Champ
Bressan à Romenay ; domaine des Planons à Saint-Cyr-sur-Menthon
D'autres propriétaires ont choisi
d'eux-mêmes de laisser l'accès libre aux visiteurs (telle la ferme
de Montalibord qui d'ailleurs fait aussi gîte d'étape).
D'autres enfin restent totalement privées .
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