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Petite intro. 
Autant la Bresse apparaît correspondre à une entité
géographique assez naturelle puisque sensiblement délimitée à l'ouest
par la Saône (qui elle-même préfigure les premiers reliefs du massif-central
(Monts du Mâconnais…) et à l'est par le Jura, autant elle s'est
trouvée tiraillée au fil de l'histoire.
Le coup final n'en a pas moins été dévastateur puisque, au sortir
de la révolution, le gâteau fut découpé en trois parts inégales
dispatchées chacune sur un des départements français : l'Ain, le
Jura et la Saône-et-Loire !
Le découpage en région n'arrangea rien, comme si vraiment il avait
fallu aller jusqu'au bout dans cette politique de démantèlement.
En effet, chacun de ces 3 départements s'est trouvé rattaché à 3
régions différentes : Rhône-Alpes, Franche-Comté, et Bourgogne.
Bigre !
C'est à se demander si les poulets eux-mêmes s'y
retrouvent, sachant de surcroît qu'ils ont eux mêmes leur propre
territoire validé le 1er août 1957 par le Président
René Coty. Ainsi leur appellation contrôlée mord allégrement
sur la Bresse Bourguignonne et la Bresse Savoyarde (on trouvera
ci-après ce qui se cache derrière ces noms), ...et
un peu aussi sur celle jurassienne. Vous me suivez ?
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Juste un dernier petit mot sur ces régions qui
composent la Bresse (et avant que vous n'alliez chercher l'aspro)
: A l'ouest et nord, il s'agit de la Bresse Bouguignonne (qui se
décompose entre Bresse Chalonnaise et Bresse Louhannaise) ; au sud
il s'agit de la Bresse Savoyarde, autrement appelée Bresse de l'Ain,
ou Bresse Bressanne, et dans la bande allongée qui court à l'est,
il s'agit de la Bresse Jurassienne qu'on a toutefois eu soin de
découper en Bresse Jurassiennes du nord et du sud. J'espère que
vous avez bien noté tout ça car il y aura interro…
Malgré tout, et moyennant toutes les exceptions
qui confirment la règle, il reste une certaine unité de paysage,
de mœurs, de culture qui dépasse quelque peu ces découpages. La
Bresse est un peu comme un terroir qui a gardé et nourri ses spécificités,
…peut-être grâce à un réseau de communication limité (peu de vrais
routes jusqu'au milieu du XIX siècle) qui l'a laissée à l'écart
de toute influence majeure, la conduisant à développer son propre
style, ses propres traditions, son propre caractère.
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La Bresse, un peu d'histoire
…et d'autre chose aussi… 
L'histoire de la Bresse s'est plus ou moins calée
sur celle de la Bourgogne : un coup je la rejoins (totalement ou
partiellement), un coup je m'en sépare…
Mais il y a tout de même eu quelques particularités.
Par exemple : au Moyen-âge, les sires de Bâgé ont sévi étant souverains
de la partie centrale et du sud (on les a même nommés "Comtes de
Bresse"). …Après quoi, faute d'héritiers, ce périmètre échoua chez
le Comte de Savoie, etc, etc
Il y en a toutefois résulté une
singularité assez notoire puisque, au gré de cette
histoire, la Bresse se détachait du Royaume de France alors
que la Bourgogne y était rattachée. La Saône
faisait alors office de frontière.
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En fait il est bien difficile de dire ici toutes
les péripéties de cette histoire. Il y aurait incontestablement
de quoi vous perdre et m'y perdre moi-même… Je vais donc plutôt
vous parler d'une autre histoire, non moins intéressante je pense.
Un jour en effet, le Jura s'est décidé à sortir
de terre, aidée en cela par les Alpes plus ambitieuses encore. Un
peu plus à l'ouest alors, le Massif Central ne s'en est pas laissé
conter. Il a fait face, laissant une dépression s'installer entre
le Jura et lui-même. Le lac Bressan est né à ce moment (souvenez-vous,
c'était au début du tertiaire… mais si, mais si...). C'est alors
que la sédimentation est venue apporter sa touche personnelle et
finale en comblant plus ou moins tout cela. Il en est résulté un
sol assez humide ponctué d'étangs. Un sol argileux-siliceux quasiment
dépourvu de pierre et calcaire.
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La Bresse est donc une région à forte identité
géologique, laquelle l'a certainement emporté sur les différences
administratives qu'on a voulu lui apporter. Cette identité rejaillit
bien sûr sur le paysage (bocages ; prairies ; étangs, marécages),
ou sur les constructions (peu de pierres ; mais des briques et du
torchis). Elle est également une des composantes ayant conduit à
définir l'appellation contrôlée des poulets de Bresse.
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Mais que nous offre la Bresse ? 

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Il n'y a rien de vraiment spectaculaire en Bresse
tel un monument ou une curiosité géographique que l'on viendrait
spécialement voir depuis les quatre coins de La France.
Finalement, la curiosité, c'est la Bresse dans son ensemble. Il
faut prendre le temps de s'en imprégner, d'en visiter le cœur même.
Il faut arpenter ces petites routes, toujours tranquilles, parfois
un peu tortueuses, gentiment accidentées ; il faut enfiler un de
ses chemins qui vous emmènent aux travers des bocages, qui visitent
ses nombreuses maisons isolées et autres fermes bressannes. Il faut
prendre le temps de suivre un de ses cours d'eau paisible, de faire
halte auprès de ces étangs où le silence n'a d'autres trouble-fêtes
que ceux de la nature.
La nature, oui c'est cela aussi la Bresse
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Bref, la Bresse, c'est toute une ambiance. Si
vous aimez le chahut, la vie survoltée, les Mecque du tourisme,
n'y allez pas ! Si en revanche vous voulez prendre du bon temps,
observer, trouver un peu d'authentique pas franchement dénaturé
par un tourisme souvent envahissant, alors faîtes le détour.
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A tord, je trouve, on parle de plaine de la Bresse.
Soit, étant coincée entre le Jura et les premiers contreforts du
Massif Central, et avec des altitudes fluctuant dans des proportions
mesurées, le mot semble plutôt approprié. Pourtant, les vallonnements
ne manquent pas et je défie quiconque d'y trouver la monotonie si
caractéristique des grandes plaines. A ce titre je trouve cette
appellation bien réductrice pour un espace présentant finalement
beaucoup de charmes. Le côté bocage et l'émaillage d'étangs ajoutent
bien sûr à ce charme. Enfin, pour achever de planter le décor, on
n'oubliera pas que les reliefs voisins se montrent à l'horizon …jusqu'à
en voir le Mont
Blanc même !
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La Bresse, ce qui la caractérise. 
Signalons d'abord quelques passages un peu obligés
si je puis dire…
Louhans, qui a une position un peu centrale. Bien
sûr il ne faut pas y manquer son remarquable marché du lundi (œufs,
volailles …et tout le traditionnel !), sa foire au bétail. La rue
principale, ses arcades et nombreux magasins, sont également incontournables.
A voir encore l'église et son toit de tuiles vernissées, l'hôtel
Dieu.
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Bourg-en-Bresse, qui, dans l'extrémité sud, n'en
n'est pas moins la capitale de la Bresse bressanne. Maisons anciennes
; monastère royal de Brou.
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Côté nature et rural, on remarquera :
- l'écomusée de Pierre-de-Bresse et ses différentes antennes
sur le territoire bressan.
- Saint-Trivier-les-Courtes avec sa ferme bressane musée
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- la réserve naturelle de la Truchère, où la Seille vient à
la rencontre de la Saône.
- le centre Eden de Cuisery avec son approche pédagogique du
patrimoine naturel.
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Côté architecture, les fermes bressannes aux murs
de brique et pans de bois et aux toits débordant, parsèment la région.
A noter aussi le recours au pisé (ou torchis) sur l'ensemble de
l'habitat rural, ce qui était un palliatif efficace à la pauvreté
de la région en pierres.
Accompagnant les fermes bressannes on a les cheminées sarrasines.
Autre particularité : les épis de maïs suspendus aux poutres des
avant-toits et auxquels on a donné le joli nom de "panouilles".
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On retiendra aussi le marché aux livres de Cuisery (tous les premiers
dimanches du mois), où, en plus des nombreuses librairies du village,
la rue principale s'emplit de bouquinistes.
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Enfin, on ne pourrait ignorer ces poulets blancs
à pattes bleues qui gambadent à l'air libre. Le Poulet de
Bresse n'est pas qu'un qualificatif, mais une appellation contrôlée
(AOC) qui doit sa justification à la structure géologique des sols
bressans, aux procédés d'élevage (en plein air), à l'espace laissé
à chaque volaille (au moins 10 mètres carrés). Avec plus d'un millions
de têtes, les poulets constituent incontestablement la population
la plus nombreuse de la Bresse. Respect !
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Parler de Bresse sans parler du mobilier bressan
serait une hérésie. Ce mobilier (armoire bressanne, horloge, vaisselier…)
se caractérise par les différentes teintes qu'il utilise, lesquelles
sont issues des nombreuses essences de bois de la région. Il y a
incontestablement un style bressan.
A ne pas manquer également le village de Rancy, où la chaise figure
en très bonne place !
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Il ne nous reste plus qu'à passer à table
maintenant. Comment y éviter alors le poulet de Bresse (encore lui,
oui !), et autres poulardes et chapons !
Mais la pêche est aussi à l'honneur en Bresse
(quoi d'étonnant avec tant d'eau). On pourra donc aussi se régaler
de quelques fritures et pôchouses (poissons de rivière, bouilli
dans du vin blanc…).
Tant qu'on est prêt de l'eau, ne laissons pas non plus de côté les
cuisses de grenouilles.
Pour clore le tout, ajoutons : les gaudes (farine
de maïs grillée mélangée à du lait…), les galettes bressannes (galette
au sucre), la fondue bressanne (sorte de fondue bourguignonne où
la viande blanche remplace la rouge), les crêpes parmentier (petites
crêpes épaisses à base de pomme de terre)…
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…Mais qui osera dire alors que
la Bresse ne mérite qu'on s'y attarde quelque peu !
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